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La Résurrection et le Sanctuaire
† Ƹ̵̡Ӝ̵̨̄Ʒ †
La Résurrection et le Sanctuaire
† Ƹ̵̡Ӝ̵̨̄Ʒ †
Le corps reposait sur une dalle en marbre. Le médecin légiste soupirait d'avoir à l'autopsier. La cause du décès était évidente - il suffisait de voir l'entaille vive au niveau de la gorge et la tête posée là, prête pour son traitement. Qui viendrait veiller la morte de toute manière ? D'après son dossier, elle n'avait plus de famille, aucune parenté connue, pas de proches.
Il soupira de plus belle. Si jeune et personne pour la pleurer... Il recouvrit le corps d'un drap blanc.
Ce serait tout pour ce soir. La dépouille, étiquetée, attendrait le lendemain dans son compartiment réfrigéré.
Le médecin gravit les escaliers de béton d'un pas lourd qui résonna dans les salles blanches et glacées, puis éteignit.
Il retrouva tout son entrain le lendemain matin et descendit les marches presque en sifflotant.
Après tout, les morts ne lui en voudraient pas et aucun autre vivant n'était présent pour s'offusquer.
La mélodie sifflée s'interrompit brutalement. Très raide, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte encore, le médecin fixait le sol devant lui - des traces sanglantes, des empreintes de pied nus ensanglantées. Aucun bruit, aucune odeur inhabituelle - Il se força douloureusement à expirer..puis inspirer, se fit violence pour sortir son corps de la torpeur.
D'un seul mouvement brusque, il enjamba les traces jusqu'au compartiment. Il était toujours fermé à clé mais il n'y trouva aucun soulagement. La main figée sur la poignée, il pivota légèrement la tête en retenant son souffle, regarda le sol autour de lui - les empreintes de pas - un pas traînant et lourd - s'éloignaient...
D'un geste machinal, avec une pointe de fatalité, il se résigna à tourner la clé et à ouvrir le compartiment : Il était vide.
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Le vent soufflait en grandes volutes de tourbillons noirs - Une odeur de mort ancienne, de vieux os et de cierges éteints se diffusait lentement autour de ces pas. Le monde ne tarderait pas à connaître le froid, la peur glaciale et nue dans la nuit et il en coûterait à tous ceux qui l'avaient bannie.
La maison est mon église - Dressez moi un autel car tous me craindront. Que l'on fasse brûler les cierges, qu'on répande le sang et l'eau des offrandes car je reviens vers vous - Les litanies, le bruissement des ailes d'insectes et de papillons berceront mes heures.
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Non loin de là, dans une chambre blanche, un jeune homme sanglé sur son lit de fer hurla dans la nuit. Au matin, le corps raide, le visage figé dans une expression d'horreur, fut transporté vers la morgue de la ville voisine.
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