15 juin 2016

Elaine . Les Osselets

Hamushi -Gomi Bako Shiki- 羽虫 -ゴミ箱式-
"- Qui...
Un silence écrasant dans un rêve monochrome, une âme d'enfant en lambeaux...
- Qui est là ?..."
 Elaine
◊ .Mori ~ Les Osselets. ◊
"Cet enfant n'a pas pu survivre."
Arrêtez, je suis là !
La voici, les paupières de plomb, appelant à l'aide. Chaque souffle dans sa poitrine la brule à l'agonie. Et pourtant,
son visage est comme un éventail, il s'ouvre et se ferme de manière toute aussi gracieuse.
De la boue rentre dans sa bouche. Elle essaie de happer l'air mais ne récolte qu'eau croupie et ses propres cheveux.
"Maman, où êtes-vous ?"
Seuls les oiseaux répondent en haut des arbres qui cachent le ciel.
Comment ai-je fait pour arriver jusqu'ici ?
Rappelle-toi...
Rappelle-toi...
- Allons déjeuner sur l'herbe mon enfant, il fait un temps magnifique !
- Oh, mère ! Je ne peux pas, ma robe n'est pas de mise...
- Mon enfant ! Je vous parle d'une simple promenade, pas d'une visite de courtoisie.
Nous irons avec Lambert, allez-donc le prévenir.
Je n'aime pas cet homme. Je n'ai jamais aimé cet homme.
Ce regard satisfait quand je lui ai annoncé les projets de mère, cette lueur de convoitise..


...

Le sentier était sinueux dans cette foret dense, peuplée de fourrés. Le soleil donnait ses premiers rayons, mais nous n'eûmes pas le temps de déjeuner.. Il a bousculé ma mère dans un proche champ d'épines et riait de sa figure écorchée. Je me souviens avoir voulu le frapper, mais ma force juvénile l'avait fait rire davantage. Ma mère, visage larmoyant et furieux, accusait les démons vengeurs de cette farce. J'aurais préféré que cela en soit une.
D'un coup au visage, me voilà ébranlée, l'œil ensanglanté, sur le sentier. Et je le vois extirper ma mère des épines avec un mauvais sourire.. Je vois les étoffes, la robe de ma mère en lambeaux, je crie de tout mes poumons mais un coup me réduit au silence, et je sombre, les supplications de ma mère résonnent en échos qui faiblissent..
- Depuis le temps que j'en rêvais ! Vous êtes belle à en crever, même dans la mort ! Heureusement que vous êtes tombée sur un homme
galant
comme moi pour votre dernier plaisir !
Je vois le corps de maman, comme une poupée de chiffon, les yeux révulsés.
Je gémis, tente de me relever. Je ne dois pas rester ici ! Aidez moi !
- Oh ! J'avais oublié la mioche.
De sa force démesurée, il m'agrippe. Je revois la lueur mauvaise dans ses yeux. Ses mains se referment sur ma gorge. Le sang engloutit ma bouche. Un drap noir et douloureux se referme sur mes paupières.

...

Ballotée, à demi-consciente sur les épaules de ce colosse, une odeur de rose et de pourriture..
Je quitte les lois de la pesanteur, lancée dans l'air...puis la boue froide, l'eau stagnante, les nuages de moustiques.
Je le vois, sur la rive. Souriant de toutes ses dents, avec un signe de la main.
Les racines de mes cheveux sont recouvertes et je ne respire plus.
....

Serais-je passée de l'autre coté ?


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