3 novembre 2011

Mekare . L'enfance du Monstre

Seigneur, ayez pitié,
ayez pitié des fous et des folles !
O Créateur ! peut-il exister des
monstres aux yeux de celui-là
seul qui sait pourquoi ils existent,
comment ils se sont faits,
et comment ils auraient pu ne pas se faire...

C. Baudelaire

Un rire strident se repercutait contre les murs du couloir. Un rire à glacer le sang. Des cheveux noirs, très longs, semblaient former une longue corde, un terrible chemin d'Ariane qui conduisait à son repère. La petite fille aimait cet endroit. Un coin sombre, une minuscule piece encombrée à l'étage qu'on avait découverte apres avoir démoli le mur qui la camouflait lorsqu'on avait acheté la demeure.

Mekare était la fille d'un pere veuf qui passait son temps à ruminer sa vie passée, à regretter ses choix et à dilapider son argent dans des objets anciens de toutes sortes; objets qui s'entassaient partout dans la maison : des lampes, des chaises cassées, des tableaux, des chandeliers, des vases ebrechés, des livres moisis... Un véritable musée qui respirait la déchéance.

Mekare était une enfant étrange...étrangement sage, étrangement silencieuse, étrangement intelligente, vicieuse et sournoise. Quand elle parlait, c'était toujours alors que personne ne s'y attendait, et ses répliques étaient cinglantes malgré la voix enfantine et charmante qui les prononcait. Mekare n'avait jamais connu sa mere et n'avait à ce sujet, jamais posé de questions. C'était une enfant solitaire; toujours elle jouait seule, par choix mais aussi parce que, il fallait l'avouer, personne ne pouvait supporter la cruauté de ses jeux. Elle torturait les insectes, leur arrachait les ailes, les pattes, une par une, les observant marcher convulsivement. Elle les noyait, ou les disposait délicatement dans des toiles d'araignée, se délectant de l'arrivée du predateur. Quand les autres enfants jouaient au soleil sur les balancoires, Mekare préferait les coins sombres où elle s'adonnait à ses jeux pervers. Outre les insectes, son grand plaisir était de persecuter ses innocents camarades : araignée glissée dans le dos, cafard à la place des billes à jouer, gateau truffé de fourmis... et tous la craignait, cette étrange petite fille aux longs cheveux noirs et aux ongles terreux. Jamais personne ne se rebella et le temps s'écoula sans que Mekare n'altera ses jeux, de plus en plus cruels.







 
 

2 commentaires:

Miwouh a dit…

Que dire de plus que magnifique et envoûtant *-* ?

Tenrai a dit…

Miyu : Merci beaucoup ! ^^