. Haida .

La fenêtre grande ouverte laissait entendre le son d'un clavecin. La brise d'automne s'engouffrait dans la pièce où la jeune fille s'exerçait. Les murs étaient tapissés de livres : Homere, Shakespeare, A.Tennyson, C.Marlowe....d'immenses tableaux comblaient le vide entre les bibliothèques tandis que de luxueux tapis ornaient le sol. Le manoir était de taille considérable et un parc des plus charmants l'entourait. L'automne était la saison préférée d'Haida. L'air s'emplissait de l'odeur des feuilles mortes qu'on brûlait et le temps se rafraîchissait, repoussant les fortes chaleurs de l'été. Quand elle ne se promenait pas dans les allées des grands marronniers, Haida se plongeait dans un roman ou jouait du clavecin, les mèches de ses cheveux caressant mollement ses épaules sous le souffle du vent. Comme les journées étaient longues ! et il lui semblait qu'une triste monotonie se profilait, infinie, à l'horizon. Comme elle aimerait qu'un Hamlet lui jure un amour sans doute, qu'un Ulysse fidèle l'emporte dans des contrées lointaines...Haida rêvait d'un amour pur qui lui ouvrirait un avenir, libre de contraintes. Ses 16 ans approchaient; Mr et Mrs X recherchaient un bon parti pour leur fille parmi leurs relations. A ce moment seulement, elle hériterait de leur fortune. Haida ignorait ces enjeux. Jeune et naïve, elle espérait seulement que le jeune homme qui arrivait en fiacre dans la cours animerait les habitudes mornes du dîner. Elle se pencha à la fenêtre et son regard se perdit dans l'immensité du ciel d'automne..